Gérard Schneider

Pionnier de l’abstraction lyrique, Gérard Schneider naît en Suisse en 1896. A vingt ans, il intègre les arts décoratifs de Paris, avant d’être encouragé par ses enseignants à poursuivre aux Beaux Arts, période durant laquelle son trait évoluera de l’impressionnisme vers le surréalisme.

C’est au sortir de la guerre que son appétence pour l’abstraction surgit. Ayant assimilé les idées de Kandinsky, l’apport du surréalisme à la libération du geste vient renforcer l’importance qu’il octroie à la place du corps dans l’œuvre. Son trait se veut spontané et empreint de passion, physique et vibrant, venant ainsi rompre avec les courants académiques d’abstraction géométrique.

L’artiste, qui n’a pas été épargné par les drames et dont la force émotionnelle est porteuse de création, devient un des bâtisseurs des mondes de l’art d’une Europe en reconstruction. De ses aspirations esthétiques et de ses processus complexes internes, naît une nouvelle expression. Cherchant à fuir toute forme de représentation, il s’oriente vers une sémiotique plastique libérée de contenu et ainsi atteindre une forme d’expression pure.

De même que les poètes ont réussi à dégager les mots de leur valeur référentielle pour qu’ils ne soient plus qu’une pure sonorité, Schneider souhaite dégager les images de leur valeur iconique pour faire advenir leur valeur plastique pure. La dimension calligraphique de ses œuvres, qui se développe tout particulièrement dans les années cinquante, est une synthèse des notions de forme, de couleur et d’espace.

Souhaitant fuir l’idée de contrôle et de raisonnement Gérard Schneider parvient, à travers ses tableaux enflammés, nous faire ressentir une émotion poétique. Celle-ci ne se situe pas dans notre rapport au réel, mais est portée par une beauté irréelle, saisie par notre inconscient et vive d’interrogations.

« Je ne suis jamais logique que dans le dépassement constant » – Schneider, 1975